Horlogerie et et course d'endurance
- Quentin Calandry
- 28 juin
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 3 juil.
Comme vous le savez depuis les débuts de La Passion, horlogerie et automobile sont deux termes que l’on retrouve facilement dans une même conversation. Au fil de l’histoire, nous avons vu ces deux univers évoluer ensemble, guidés par les mêmes valeurs : l'esthétisme et la performance.
En 1923, la première édition des 24 Heures du Mans voit le jour, au moment même où l’automobile prend son envol et où la montre bracelet se démocratise. Les deux machines se retrouvent alors sur les circuits : tandis que l’une réalise des exploits de vitesse, l’autre les mesure avec précision pour les rendre officiels.
Tantôt outils de précision, tantôt vecteurs de rêves et d’émotions, les montres sont étroitement liées à l’aventure mythique du Mans. Alors qu’au cours de ce mois d juin les meilleurs pilotes du monde se sont affrontés sur le circuit de la Sarthe, revenons sur les garde-temps et les manufactures qui ont accompagné, ou accompagnent encore les pilotes.
Nous reviendrons sur les légendes écrites ensemble au fil de l’histoire, les pièces anniversaires, et les partenaires d’écuries de la catégorie Hypercar.
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Les pièces de historiques de légendes
La Heuer Monaco
Heuer, manufacture incontournable de l’horlogerie (aujourd’hui fusionnée pour devenir TAG Heuer), a une histoire profondément liée à l’automobile. La marque a accompagné les pilotes aussi bien dans les voitures, avec des instruments de chronométrie, qu’en dehors, avec de superbes pièces horlogères aujourd’hui très recherchées par les collectionneurs.
Si la Monaco de Heuer est associée dans l’inconscient collectif à son célèbre circuit local, sa notoriété vient en réalité d’un film et d’un personnage bien éloignés des rues de la Principauté. C’est en effet grâce au film Le Mans, sorti en 1971, que la Monaco entre dans la légende. L’acteur Steve McQueen, au volant d’une Porsche 917, porte fièrement la Monaco durant le tournage, avec sa combinaison blanche arborant l’inscription "Chronographe Heuer". Ce moment reste encore aujourd’hui une partie intégrante de l’histoire de cet emblême horloger.
Au-delà de cet effet marketing autour de la Monaco, Heuer a largement contribué aux performances sportives, notamment chez Ferrari. Grâce au Heuer Centigraph Le Mans (à gauche), la Scuderia améliore ses résultats entre 1971 et 1979, après une longue période sans victoire depuis 1966. Heuer équipe également de nombreuses voitures avec ses planches de bord destinées (à droite) à la chronométrie et au suivi de la performance.
La Rolex Chronograph LE MANS.... "euh non... Rolex Cosmograph Daytona"
Le chronographe iconique de la maison Rolex , "Cosmograph Daytona" aurait pu s'appeler chronographe LE MANS. L’histoire du Daytona débute avec la référence 6239. Produit entre 1963 et 1969, il s’agit du premier chronographe de Rolex à adopter les codes esthétiques du Daytona, même s’il n’en porte pas le nom. En effet, la 6239 se nomme initialement “Le Mans“, en référence de l'épreuve sarthoise . Et il faut donc attendre 1965 pour voir apparaître l’inscription “Daytona”(celèbre circuit en floride qui possède sa propre course de 24h) sur le cadran de la 6239, sans doute pour satisfaire le marché américain, en plein développement à l'époque.
Rolex Daytona 6269 pré 1965 (à gauche) et post 1965 (à droite)
Aujourd’hui encore, les deux domaines sont très liés, que ce soit en termes de lifestyle ou la passion commune pour la mécanique et l’esthétisme. Il n’est pas rare, voire même fréquent, de voir des manufactures horlogères s’engager auprès d’écuries d’endurance, présentes aux 24 Heures du Mans.
Ferrari x Richard Mille ( Vainqueur, 3e et 4e )
Depuis 2021, la manufacture suisse a uni ses forces avec la Scuderia sur l’ensemble du programme sportif de Ferrari, que ce soit en Formule 1, en endurance, en catégorie GT ou en E-Sport. Deux montres sont nées de ce partenariat, dont une qui a détenu le record du monde de finesse ! La manufacture a également eu la joie de célébrer une nouvelle victoire au Mans, avec la Ferrari n°83 qui s’impose cette année ! (cliquez sur le lien pour accéder à notre précédent article sur ce partenariat )
Prix : RM Up 01 : 2 000 000 €
RM 43 - 01: 1 800 000 €
Richard Mille RM Up 01 et la Richard Mille 43-01 - @Richard Mille
Porsche x TAG Heuer ( 2nd )
Comme énoncé plus tôt, Heuer puis TAG Heuer perpétue son engagement envers le sport automobile d’endurance. Partenaire actuel de l’écurie Red Bull en Formule 1, TAG Heuer est également très lié au constructeur Porsche et, par extension, sponsorise donc l’écurie Hypercar : Porsche Penske Motorsport.
Malheureusement aucune pièce de chez TAG Heuer ne célèbre directement l'activité d'endurance mais des éditions limitées : "Carrera x Porsche" ont vu le jour ces dernières années notemment avec ce superbe chronographe automatique avec un beau cadran oppalin argenté.
Prix : 9 450 €
Alpine x Moser (10e et 11e)
Successeur de Bell & Ross en Formule 1, et de la manufacture Yema pour la division endurance, l'horloger H.Moser a signé un contrat en février 2024 couvrant l'ensemble des projets sportifs d'Alpine Motorsport.
Une montée en puissance reconnue que ce soit en terme d'influence et de communication, ou horlogèrement. En effet, il est toujours agréable de voir une manufacture se dépasser avec des pièces extrêmement réussies, comme le témoigne les récompenses obtenues au Grand Prix de l'Horlogerie de Genève en 2022 et 2024. Deux modèles ont vu le jour rendant hommage à ce partenariat dont un tourbillon et un chronographe squeletté limité à 200 pièces.
Prix : Streamliner Alpine Drivers Editions : 59 000 CHF
Streamliner Alpine Tourbillon : 89 000 CHF
Peugeot x Lorige ( 12e & 17e )
Les 24 Heures du Mans sont aussi l’occasion, grâce au sponsoring, de mettre en lumière certaines manufactures et horlogers de pointe, qui intègrent dans leurs pièces des technologies et matériaux issus de la course. Lorige l’a brillamment démontré en proposant une montre radicale.
Partenaire de Peugeot depuis 2021, année où le constructeur français annonçait son retour en endurance, Lorige en a profité pour créer la Lorige BL-Endurance, conçue à partir de matériaux issus de la Peugeot 9X8.
La pièce est donc en carbone forgé, avec une boîte directement taillée dans les freins utilisés pour le développement de la 9X8 Hybrid. L’alliance entre le carbone forgé et le titane donne un rendu complètement fou.
D’un point de vue horloger, l’exploit est également palpable. Le mouvement de la BL-Endurance bénéficie d’une masse oscillante périphérique, une solution technique que l’on retrouve notamment chez Vacheron Constantin, ou anciennement chez Carl F. Bucherer qui permet d'avoir un mouvement extra-plat en conservant l'efficacité du remontage du mouvement automatique.
Prix : 35 040 €
Nous pouvons également mentionner l'autre partenariat de Lorige, avec l'équipe
United Autosports engagée en catégorie LMP2.
ROLEX chronomètre officiel
Depuis 2001, Rolex est la Montre Officielle des 24 Heures du Mans, prolongeant une relation historique avec le sport automobile, initiée en 1935. Cette collaboration s’appuie sur des valeurs partagées : performance, persévérance et fiabilité. Chaque année, les vainqueurs se voient remettre un Cosmograph Daytona en acier, cadran noir et lunette céramique (réf. 116500LN puis 126500LN), gravé pour l’occasion. Une montre devenue un symbole de prestige dans le monde de l’endurance.
Édition du centenaire : ROLEX Cosmograph Daytona Le MANS
En 2023, les 24 Heures du Mans fêtent leur centenaire, une édition marquée non pas seulement par le retour, mais par le retour victorieux de la Scuderia Ferrari avec la 499P. Parmi l’équipage, on retrouve un ancien pensionnaire de la F1 : Antonio Giovinazzi.
De son côté, Rolex en a profité pour sortir un Daytona spécial pour l’événement : une superbe pièce en or blanc, référence 126529LN. Une montre qui ressemble à un Daytona "classique", mais uniquement en apparence. Ce Daytona est animé par le calibre 4131, évolution du 4130, lancé lui aussi en 2023. Les sous-compteurs présentent des index dits "Paul Newman", visibles sur certains modèles produits entre 1967 et 1972.
Prix : 53 000 €
Enfin, le chiffre 100 sur l’échelle tachymétrique est inscrit en rouge, en hommage au centenaire de la légendaire épreuve du Mans.
Depuis, deux nouvelles éditions ont vu le jour en 2024 et 2025, respectivement en or jaune et en or rose, ce que je trouve personnellement un peu dommage. L’or blanc semblait parfaitement adapté pour célébrer un centenaire. L’or jaune peut se comprendre en clin d’œil à certains cadrans dits "citron" sur les références 6264, à l’époque en or 14 carats.
En revanche, l’utilisation de l’or rose, d’un point de vue historique, me paraît plus discutable, voire un peu excentrique. À mon sens, Rolex aurait dû réserver le marquage du centenaire exclusivement à la version en or blanc de 2023. En revanche il n'est question que de goûts personnels. Cette montre comblera sans doutes d'autres passionnés tant d'automobiles que d'horlogerie.
Ces parallèles entre automobile et horlogerie, ces anecdotes, cette histoire en commun sont l’essence même de ce magazine. Cela prend donc tout son sens lorsqu’on aborde ces sujets avec Passion.
À suivre...
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