top of page

Audemars Piguet :150 ans d'histoire

Dernière mise à jour : 23 avr.

150 ans d’histoire : seulement cinq maisons horlogères ont atteint ce prestigieux anniversaire. Audemars Piguet vient de rejoindre ce cercle restreint en célébrant ses 150 ans avec la présentation, il y a quelques jours, de dix nouveautés issues des collections Code 11.59 et Royal Oak, animées par diverses complications dignes de haute horlogerie (montres à sonneries, quantièmes perpétuels et tourbillon) .


Parmi elles, nous retrouvons un hommage à la Royal Oak à quantième perpétuel référence 25636 PT sortie en 1986 . Mais au-delà de ces nouveautés, Audemars Piguet incarne avant tout une histoire riche, jalonnée de modèles d'exception n'hésitant parfois pas à bousculer les codes. Loin de se résumer uniquement à la Royal Oak, la maison du Brassus témoigne d’un savoir-faire exceptionnel cultivé depuis 1875. Cet article revient sur les moments clés et les gardes-temps parfois oubliées aujourd'hui qui ont façonné la légende d’Audemars Piguet.


Royal Oak 150e anniversaire 25585 XT (2025 ) Royal Oak Squelette 25363 PT (1991) -@ AP Chronicles


Le commencement (1875 - 1900)


En 1875, Jules-Louis Audemars et Edward-Auguste Piguet, deux passionnés d’horlogerie, colllaborent au coeur Vallée de Joux avec l’ambition de créer des montres compliquées. Tandis que Mr Audemars se consacre aux mouvements, Mr Piguet prend en charge la gestion et le développement commercial.


En 1881, la manufacture Audemars Piguet voit le jour. Grâce à leur talent, la manufacture se fait rapidement un nom, notamment dans l’art des montres à sonnerie. Un savoir-faire qui résonne encore aujourd’hui, avec deux modèles « super sonnerie » dévoilés pour célébrer les 150 ans d’Audemars Piguet. En effet, Audemars Piguet connaît un essor remarquable qui l’amène rapidement à etre représentée dans des capitales prestigieuses telles que Berlin, Londres, Paris et New York.


Les deux fondateurs d'Audemars Piguet Jules-Louis Audemars et Edward-Auguste Piguet
Les deux fondateurs d'Audemars Piguet Jules-Louis Audemars et Edward-Auguste Piguet

La montre bracelet, innovations et conflits mondiaux 1900 - 1945


Entre 1918 et 1919, la disparition successive de Jules-Louis Audemars et Edward-Auguste Piguet marque un tournant pour la manufacture. Le flambeau est repris par Paul-Louis Audemars et Paul-Edward Piguet, qui perpétuent l’héritage de la maison tout en insufflant un nouvel élan.


Durant ces années, Audemars Piguet collabore avec de grandes enseignes, fournissant notamment des mouvements à Tiffany & Co., une relation qui s’étendra sur plusieurs décennies. La maison française Cartier, figure également parmi ses clients, témoignant d'un savoir faire reconnu par les différentes marques de l'époque.


Cependant, la crise de 1929 et l'effondrement de Wall Street, frappe durement l’horlogerie suisse, et la maison du Brassus traverse une période difficile. Il faudra attendre 1933 pour voir Jacques-Louis Audemars, fils de Paul-Louis, redonner un nouvel élan à l’entreprise en diversifiant la production, notamment avec la création de chronographes. Une diversification qui portera ses fruits, car cela placera Audemars Piguet sur le devant de la scène dans les années suivantes.


Chronographe Audemars Piguet 1936 - @Musee Audemars Piguet Archives
Chronographe Audemars Piguet 1936 - @Musee Audemars Piguet Archives

Malgré ces perturbations économiques et géopolitiques, la manufacture continue d’innover. En 1930, elle dévoile la première montre-bracelet à heures sautantes, avant de marquer une autre avancée en 1934 avec la présentation de la première montre squelette, mettant en lumière la minutie et le travail apporté à la décoration des mouvements.


Première Montre Bracelet à heure sautante 1930 - @AP Chronicles
Première Montre Bracelet à heure sautante 1930 - @AP Chronicles

Innovation perpetuelle et collections vintages (1945 - 1995)


Dans ses archives, Audemars Piguet qualifie la période d’après-guerre "d’années florissantes", marquées par une dynamique d’innovation et de créativité.


Les années 60 et 70 voient éclore des modèles toujours plus originaux, qui n'hésitent pas à jouer avec les formes de boîtiers, couleurs inhabituelles, etc. Parmi eux, la Discovolante, dévoilée en 1959, se distingue par son design excentrique, certaines Discovolantes sont trouvables avec des cadrans doublement signés, notamment en collaboration avec la maison Chaumet ou le détaillant Gübelin, figures emblématiques de l’époque.


Audemars Piguet Discovolante (1959) - @ AP Chronicles


L’année 1986 marque un tournant majeur avec une double avancée horlogère : Audemars Piguet intègre pour la première fois un tourbillon dans une production en série et commercialise la première montre ultra-plate à tourbillon avec remontage automatique. Bien que méconnue du grand public et oubliée par certains, cette pièce est mise en lumière dans des ouvrages spécialisés relatifs à la marque ou traîtant de l'histoire horlogère.


Audemars Piguet Tourbillon Extra-plat - @ Audemars Piguet
Audemars Piguet Tourbillon Extra-plat - @ Audemars Piguet

Enfin, en 1991, Audemars Piguet dévoile la Star Wheel, une montre où l’affichage des heures repose en un système de triple disque tournant sur une minuterie en arc de cercle. Cette complication unique en son genre trouve aujourd’hui sa place dans la collection Code 11.59, sublimée par un somptueux cadran en aventurine, réinterprétant avec modernité cette complication à "heure vagabonde" en français.


Audemars Piguet Heure Vagabonde (1991) Audemars Piguet Code 11.59 Heure Vagabonde (2023)


Innovation et collections modernes (1995 - aujourd'hui)


À la fin des années 90, Audemars Piguet dévoile la collection Jules Audemars, une gamme de montres relative au segment des "dress Watch". Cette collection propose un éventail de complications, allant de la sobriété d’une montre deux aiguilles (heures, minutes) à des complications chargée comme l’équation du temps, illustrant ainsi toute la polyvalence de la ligne. Les matériaux utilisés sont majoritairement précieux, avec des boîtiers en or ou en platine, mis en avant par un niveau de finition remarquable.


Toutefois, quelques modèles en acier existent, souvent dotés d’un design légèrement plus sportif. La collection Jules Audemars s’achève en apothéose avec une dernière édition marquante : une montre à répétition minutes en platine, dotée d’un boîtier de 43 mm. En 2019, la collection est officiellement retirée du catalogue pour céder la place à sa successeure, la collection Code 11.59.


Audemars Piguet Jules Audemars Extraplat - @ Chrono24 Audemars Piguet Jules Répétition Minutes - @ Chrono24


La Millenary : l'audace de l'ellipse


En 1995, Audemars Piguet dévoile la collection Millenary, une montre avant-gardiste anticipant le passage au nouveau millénaire. Ses lignes originales reposent sur un boîtier elliptique, lui conférant une apparence unique au sein de la gamme Audemars Piguet .

Injustement, la collection n’a jamais véritablement trouvé son public, notamment pour les références lancées entre 2010 et 2017.


Initialement pensée pour les hommes, la gamme s’est élargie en 2015 avec l’introduction de modèles féminins, visant ainsi à séduire une clientèle plus large. D’après certaines sources, la collection Millenary aurait progressivement disparu du catalogue, avec une réduction significative de sa production à partir de 2018, avant un renouvellement massif de l’offre d’Audemars Piguet en 2019.


Pour ma part, j'ai toujours bien aimé l'originalité de ce modèle, notemment le modèle 4101 avec sa déclinaison en or rose et un cadran ajouré sur le mouvement. En revanche, pour avoir eu la chance d'en essayer une, les dimensions imposantes (43 x 47 mm) ont sûrement dû être un frein à l'acquisition. Des dimensions comme "41mm par 45" auraient ravi des poignets supplémentaires.


Audemars Piguet Millenary Femme ( à droite) - Homme (à Gauche) - @ SJX Watches


Récemment : la collection Code 11.59 (2019 - aujourd'hui)


Dévoilée en 2019 sous l’impulsion de François-Henry Bennahmias (ancien directeur de la manufacture) et de ses équipes, la collection Code 11.59 prend la relève de la gamme Jules Audemars. Elle siège aux côtés de la Royal Oak, comme la seule collection permanente de la manufacture. Avec son boîtier plus anguleux et affirmé, elle se forge progressivement une place dans le coeur des amateurs.


Audemars Piguet Code 11.59 Chronographe - @AudemarsPiguet
Audemars Piguet Code 11.59 Chronographe - @AudemarsPiguet

Dès son lancement, j’ai personnellement été relativement séduit par cette collection, bien que les avis des collectionneurs et passionnés aient été partagés à son sujet. On y retrouve notamment le calibre 4302, minutieusement décoré avec des côtes de Genève et un rotor en or gravé.


Au fil du temps, la collection s’enrichit de nombreuses complications, dont certaines, d’une extrême complexité nécessitant des années de développement comme par exemple la Code 11.59 Universelle, ou autrement appelée "RD4", parue en 2023. "Chronographes, quantièmes perpétuels, supersonneries, carillons et tourbillons", montrent que cette collection est utilisée par audemars piguet afin d'exposer son panel de savoir-faires.


À l’occasion des 150 ans de la manufacture, Code 11.59 a été mise à l’honneur avec pas moins de sept nouvelles références, dont un tourbillon spécialement conçu pour une clientèle féminine et un très beau quantième perpetuel.


Code 11.59 Universelle "RD4" (2023) et Code 11.59 Tourbillon 150ans (2025)


Des créations exclusives : La Re-master


De manière inattendue, Audemars Piguet dévoile des modèles sous l’appellation "Remaster". Bien qu’il ne s’agisse pas exactement d’une collection à proprement parler, cette initiative rend hommage au passé de la manufacture avec les Remaster 01 et 02, la seconde ayant été lancée il y a moins d’un an.


Si l’esthétique évoque des design vintages parfois oubliés, le mouvement reste résolument moderne, avec notamment des masses oscillantes conçues spécialement pour ces deux éditions.


Audemars Piguet Remaster 02 (à droite) et Remaster 01 (à gauche)


L'ère "Royal Oak" (1972 - aujourd'hui)


La Royal Oak d'Audemars Piguet est aujourd'hui, à tort ou à raison, le premier élément qui nous vient à l'esprit lorsqu'on évoque la maison AP. La Royal Oak est plus qu'une montre ; c'est une révolution qui a redéfini les codes du luxe.


En 1972, dans un contexte économique marqué par la crise du quartz, Audemars Piguet confie au designer de génie Gérald Genta, la mission de créer une montre en acier à la fois sportive et raffinée. Cette pièce va carrément créer le segment sport-chic qui sera alimenté quatre ans plus tard par la Nautilus de Patek Phillipe répondant au même cahier des charges, designée par..... Gérald Genta, encore lui.


Mr Gérald Genta (à gauche) et croquis de la Royal Oak dessinés sur une serviette de table (à droite)


La Royal Oak, très reconnaissable grâce :


  • À sa lunette octogonale fixée par huit vis apparentes

  • Son bracelet intégré avec des maillons propres à la marque .

  • Une réflexion de la lumière absolument sublime obtenue grâce aux spécificités du bracelet.

    Audemars Piguet Royal Oak Ref.15202 - @AP Chronicles
    Audemars Piguet Royal Oak Ref.15202 - @AP Chronicles

À une époque où l’acier n’était pas associé au luxe, ce modèle casse les conventions et devient la première montre sportive de prestige au monde. Dès son lancement, la Royal Oak suscite la controverse en raison de son design et de son prix élevé, mais elle devient rapidement un symbole d’exclusivité et devient un incontournable, de non pas d'Audemars Piguet, mais de l'horlogerie de luxe.


En 1993, Audemars Piguet repousse une nouvelle fois les limites avec la Royal Oak Offshore, une version plus massive et sportive de la Royal Oak. Avec son diamètre imposant de 42 mm et son volume accentué, elle ne cherche pas à être fine, bien au contraire. Son design audacieux, marqué par un large joint d’étanchéité en caoutchouc apparent, lui vaut rapidement le surnom de « The Beast », la bête en français.


Portée par des personnalités comme Arnold Schwarzenegger, elle renforce cette impression de puissance au poignet. Même Gérald Genta, créateur de la Royal Oak originale, est surpris et la compare à un « éléphant de mer ». Pourtant, contrairement à la Royal Oak de 1972, la Offshore trouve immédiatement son public, notamment auprès de la nouvelle génération de l’époque, celle de nos parents.


Royal Oak Offshore "The Beast"
Royal Oak Offshore "The Beast"

En 2002, la Royal Oak voit apparaître une troisième déclinaison : la Royal Oak Concept. Plus radicale, plus exclusive, cette version se distingue tant par le choix des matériaux – avec l’utilisation du carbone forgé – que par les complications proposées.


Cette déclinaison permet à Audemars Piguet de démontrer tout son savoir-faire, non seulement en matière de mouvement, mais aussi dans l’ensemble des corps de métier impliqués dans l’horlogerie. L’idée derrière la Royal Oak Concept est véritablement d’explorer les limites de l’innovation et de la technicité.


Royal Oak Concept en Carbon Forgé - @ Audemars Piguet
Royal Oak Concept en Carbon Forgé - @ Audemars Piguet

Plus récemment, Audemars Piguet a surpris avec des collaborations inattendues, notamment avec la firme Marvel. Deux éditions ont vu le jour : la Black Panther et la Spider-Man, toutes deux équipées de tourbillons et mettant en scène leurs personnages respectifs sous forme de figurines en trois dimensions, finement sculptées. Une approche surprenante, mais qui, à mon goût, s’avère plutôt réussie.


Audemars Piguet Royal Oak Concept x Marvel - @Mywatchsite


À travers la Royal Oak, Audemars Piguet a pu explorer une multitude de matériaux, habillant ses montres d’acier, d’or, de carbone, de céramique, de titane ou encore de platine. Certaines éditions particulièrement prisées portent la mention "RD", signifiant qu’elles ont servi à la recherche et au développement.


C’est le cas de la RD2, un quantième perpétuel ultra-plat dévoilé en 2018, équipé d’un mouvement d’une épaisseur record de seulement 2,89 mm.


Pour rappel, cette Royal Oak RD2 ultra-plate, ainsi que les modèles RD1 et RD3, ont servi de base pour la Code Quantième Universel, autrement appelée "RD4". Cette pièce exceptionnelle s'avère être l’aboutissement de 148 ans d’innovations horlogères, démontrées sur trois centenaires différents témoignant du savoir-faire unique au sein de la manufacture du Brassus.


Audemars Piguet Royal Oak RD 2 (Quantième Perpétuel Extra-plat)
Audemars Piguet Royal Oak RD 2 (Quantième Perpétuel Extra-plat)

Aujourd’hui, la manufacture est dirigée par Mme Ilaria Resta, qui a succédé à François-Henry Bennahmias après plus de dix ans à la tête d'Audemars Piguet, de 2012 à 2023.


D’un point de vue personnel, j’ai toujours apprécié Audemars Piguet pour son image à la fois plus décontractée et toujours aussi exclusive. C'est une manufacture qui avancera toujours avec de véritables innovations, comme la RD4, tandis que d'autres maisons emblématiques, (que nous ne citerons pas), considèrent aujourd’hui, qu’un simple changement de couleur de cadran sur un modèle datant de 1931, constitue une innovation.


Pourtant, il y a encore une décennie, cette même maison dévoilait des avancées remarquables, comme une montre fonctionnant sans huile ni graisse lubrifiante, une prouesse technologique et technique.


Siège et Musée Audemars Piguet Le Brassus
Siège et Musée Audemars Piguet Le Brassus

Pour revenir à Audemars Piguet, il est évident que de jeunes amateurs puissent être pris de passion, pour une histoire aussi riche et fascinante. Nous serons bien entendu, attentifs aux prochaines sorties de la marque du Brassus dans les mois et années à venir. Que vous soyez amateurs ou véritables passionnés, certaines créations d'Audemars Piguet transpirent l’amour de l’horlogerie et la passion des montres bien faites.


Cette passion est ce qui nous anime, c'est celle qui me pousse à écrire, et vous à me lire.


À suivre...







Comments


bottom of page